A1 – Construction sociale des troubles

A1 – Construction sociale des troubles

(ici retour vers la page A – Approches théoriques : angles d’analyse et concepts)

Les analyses développées en sciences sociales sur les troubles du comportement, notamment le TDA/H, se sont majoritairement inscrites dans une approche en termes de construction sociale des troubles et de médicalisation de certaines formes de déviance infantile, le plus souvent repérées dans un cadre scolaire (Muel, 1975 ; Pinell et Zafiropoulos, 1978 ; Conrad and Schneider, 1980 ; Dupanloup, 2001 ; Rafalovitch, 2001 ; Malacrida, 2004 ; Jupille, 2014). Ces approches montrent comment la construction de l’entité TDA/H est liée à différents intérêts (de l’industrie pharmaceutique qui cherche à vendre des médicaments, de l’institution scolaire qui cherche à écarter les enfants les plus perturbateurs, de spécialités médicales qui cherchent à asseoir leur légitimité scientifique), qui viennent mettre en doute la réalité scientifique des troubles ainsi étiquetés. En France, ces approches s’appuient majoritairement sur les analyses de Pierre Bourdieu, en montrant comment des institutions s’appuient sur les ressources des groupes dominants (enseignants, médecins, industriels…) pour légitimer des catégories qui servent leurs intérêts tout en masquant les logiques sous-jacentes de rapports de force sociaux. Les travaux de Michel Foucault constituent une autre source théorique pour ce courant, les notions de biopouvoir et de gouvernement des populations pouvant être appliqués assez directement au cas des troubles du comportement.