A4 – Monographies d’entourages

A4 – Monographie d’entourages

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Par « monographies d’entourage », nous désignons une technique d’enquête qui consiste, pour chaque situation, à croiser de nombreuses sources : entretiens et observations, recueil de documents ou de données. Nous essayons de faire participer à l’enquête le plus possible de personnes (si possible la personne « agitée » et le plus possible de membres de son entourage), afin de pouvoir croiser les points de vue, confronter les expériences et les définitions de la situation des uns et des autres. Lorsque les définitions de la situation proposées par les différents membres de l’entourage sont dissonantes, nous ne cherchons pas à décider laquelle est « vraie », mais nous étudions pour elles-mêmes ces discordances, révélatrices des relations et des fonctionnements des groupes.  Nous ne prenons pas en compte uniquement l’entourage familial au sens strict, mais toutes les personnes « proches » de la personne étudiée, ce qui inclut les membres de la famille proche ou lointaine, voire la « quasi-parenté », mais aussi des professionnels qui peuvent outrepasser leurs strictes fonctions professionnelles. Cette approche s’appuie sur un ensemble d’investigations sociologiques et anthropologiques qui, depuis les années 1990, offrent des outils pour distinguer différentes formes de parenté[1]. Dans le matériau recueilli, les « cas » sont de taille variable. Certaines monographies peuvent se réduire à des entretiens et observations auprès d’une seule personne, alors que d’autres peuvent compter des entretiens auprès de plus d’une dizaine de personnes différentes. Ce n’est pas seulement parce que les entourages sont plus ou moins étendus, mais aussi parce que l’enquêteur n’a pas toujours pu rencontrer tous les membres de l’entourage (il a rencontré dans certains cas des refus, des refus de participer à l’enquête ou des refus de fournir les coordonnées d’autres personnes). Nous prenons ce déroulement de l’enquête (négociations, refus et acceptations, circulation d’un membre de l’entourage à l’autre) comme un objet d’analyse : nous considérons que le cheminement de l’enquêteur au sein des entourages est révélateur des enjeux qui structurent ces entourages[2].

[1] Voir notamment : C. Bonvalet et E. Lelièvre, « Du concept de ménage à celui d’entourage : une redéfinition de l’espace familial », Sociologie et sociétés, vol. 27, n° 2, 1995, p. 177-190 ; F. Weber, S. Gojard et A. Gramain, Charges de famille. Dépendance et parenté dans la France contemporaine, Paris, La découverte, 2003.

[2] Voir un exemple de ce type d’analyse réflexive dans : J.-S. Eideliman, « Familles à l’épreuve », Ethnologie française, vol. 39, n° 3, 2009, p. 435-442.