A2 – Production sociale des troubles

A2 – Production sociale des troubles

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Suivant une autre approche, celle de la production sociale des troubles, souvent critique de ce premier paradigme, d’autres auteurs ont cherché à montrer comment la prévalence croissante d’entités pathologiques construites autour des troubles du comportement (TDA/H, troubles des conduites…) dans les sociétés occidentales pouvait être rapportée à une transformation des normes et valeurs dominantes, favorisant la production de « niches écologiques » (Hacking, 1999) et de troubles qui y sont liés. Alain Ehrenberg (2014) fait ainsi l’hypothèse que l’injonction croissante à s’auto-activer et à s’auto-contrôler produit par défaut de nouveaux troubles, à la fois plus nombreux et plus visibles, dans les registres du retrait social et de l’agitation. Les travaux de Ian Hacking, au passage critique de l’utilisation tous azimuts de la notion de construction sociale, permettent aussi de penser les liens entre les formes prises par les troubles mentaux et les valeurs dominantes (déclinés en termes de vices et de vertus) dans un contexte historique et social donné. Cette approche permet d’examiner non seulement la production sociale de troubles, mais aussi de types de personnes, de genres d’enfants pour prendre un exemple plus précis, dont les comportements sont difficilement dissociables de leur personnalité, elle-même liée à leurs diverses caractéristiques (genre, âge, milieu social…).