A3 – Quête diagnostique – Théorie diagnostique

A3 – Quête diagnostique – Théorie diagnostique

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Dans le domaine de la santé mentale, où les incertitudes sont nombreuses et où l’existence même et la qualification des problèmes continuent à interroger le monde médical et associatif (Fansten & Garnoussi, 2014), les difficultés d’un enfant peuvent ne jamais recevoir de diagnostic ou, à l’inverse, faire l’objet de multiples qualifications. Les enfants et leur entourage peuvent s’estimer satisfaits d’un diagnostic, voire d’une absence de diagnostic, plus ou moins tôt dans leur parcours ; mais ils peuvent aussi orienter leurs recherches dans une direction ou une autre, combiner différentes approches en fonction de leurs convictions, de leurs souhaits, de leurs craintes (Moreau, 2007 ; Eideliman, 2008). Partant des premières formulations qu’en ont proposées Juliet Corbin et Anselm Strauss, nous proposons de retravailler la notion de quête diagnostique dans une perspective autorisant à penser un temps long, et à se dissocier plus nettement d’une vision chronologique qui serait marquée par le pivot du diagnostic. Nous appelons théories diagnostiques les ensembles relativement stabilisés d’hypothèses, de convictions, de formules explicatives, de catégories descriptives, qui orientent à un moment donné les décisions prises par les personnes concernées par des troubles ou ceux d’un proche. On voit alors s’articuler étroitement les dimensions pratiques et les dimensions symboliques ou identitaires qui composent ces quêtes diagnostiques, toujours indissociablement quêtes de solutions et de sens. Enfin, ces quêtes et ces théories font se croiser différents enjeux et scènes sociales : familiaux, scolaires, professionnels, administratifs, identitaires, dont les interactions peuvent se révéler fort complexes (Weber, 2007).