C1 – Catégories de désignation des troubles

C1 – Catégories de désignation des troubles

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Les comportements troublés et troublants qui nous intéressent sont dénommés de multiples manières par les acteurs concernés, soit qu’ils soient eux-mêmes visés par ces catégorisations, soit qu’ils les formulent (professionnels, proches), soit qu’ils les subissent indirectement (proches). L’expression de « troubles du comportement », bien qu’elle semble très générale et descriptive, n’est en fait utilisée que dans certains milieux, comme l’Éducation Nationale et les Maisons des Personnes handicapées par exemple, avec l’idée que cette expression suffit à tracer le contour d’un ensemble de troubles relativement homogènes. Dans les milieux des professionnels de la médecine et/ou du psychisme, on se méfie souvent de cette expression qui fait exister une entité que l’on trouve imprécise, disparate, voire trompeuse. On peut lui préférer une déclinaison d’expressions jugées plus précises, comme « troubles des conduites », « troubles relationnels », « troubles de l’attachement » etc., qui vont renvoyer à différentes approches diversement appréciées par les uns et par les autres en fonction de leur formation et de leur positionnement dans le champ de la santé mentale. Certains préféreront parler de « troubles de la personnalité » ou de « dysharmonie évolutive », voire de « psychose infantile », quand d’autres rejetteront ces qualitatifs.

 

Le cas des « troubles de l’attention » et d’une « hyperactivité » potentiellement associée est particulier. Ils forment pour les tenants d’une approche comportementaliste et/ou neuroscientifique un véritable trouble, appelé « TDA/H » (troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité) et reconnu par un nombre croissant de professionnels et d’organisations administratives ou médicales, dont les origines sont à rechercher du côté du fonctionnement du cerveau. Ils ne sont au contraire, pour les tenants d’une approche psychodynamique, que les symptômes de troubles plus profonds, dont il est illusoire de vouloir les dissocier si on veut les traiter convenablement.

 

Les conséquences de ces catégorisations sont aussi un enjeu d’affrontements, selon qu’on pense qu’il est possible de les guérir, et qu’ils ne sont donc qu’un trouble (ou les symptômes d’un trouble) comportant un risque de chronicisation, ou qu’il faut plutôt apprendre aux personnes à vivre avec grâce à divers aménagements (prise de médicaments, rééducation, apprentissages sociaux etc.). Le développement du champ du handicap, qui prend des formes très différentes selon les contextes nationaux, ajoute à cette complexité de positionnements, car d’un côté il ouvre à ses bénéficiaires des droits et avantages, d’un autre il joue comme un opérateur de reconnaissance de la réalité des troubles en cause et de leur inévitable chronicisation. Il est de ce fait lui aussi l’objet de positions tranchées entre ceux qui le jugent utiles et nécessaires et ceux qui le pensent inutile voire néfaste.