Retour Séminaire EHESS Paris "Ecole et Handicap" - L’inclusion scolaire dans tous ses états

Résumé du programme 2015-2016

Le séminaire, créé à la rentrée 2015, se proposait d’explorer les liens entre l’institution scolaire et le handicap, longtemps pris dans un débat entre les tenants d’une approche par la médicalisation de l’échec scolaire et ceux qui mettaient davantage l’accent sur les lents progrès de l’intégration scolaire des enfants handicapés. En s’appuyant sur des travaux empiriques récents, les différents intervenants ont permis de dresser un panorama plus nuancé et complexe de ces liens, en investiguant différentes scènes où se croisent questions scolaires et interrogations autour du handicap : la classe ordinaire (séances 4, 5, 10 et 12), le milieu spécialisé (séances 3, 5, 8 et 10), les Maisons départementales des personnes handicapées (séances 1, 2 et 4), les équipes de suivi de scolarisation (séances 5 et 6), les centres de santé mentale (séances 1, 6 et 9), l’univers domestique (séances 6, 7, 10 et 11), les nouveaux dispositifs passerelle entre école et soins (séances 7, 9 et 12), ou encore le terrain législatif et politique (séances 2, 3 et 8).

Positionné en fin de journée, le séminaire a réussi le pari d’associer étroitement chercheurs, étudiants et professionnels du champ du handicap, pour nourrir une réflexion pratique et théorique et confronter les expériences des uns et des autres dans un secteur en profonde mutation. Plusieurs séances ont permis d’entendre ces différentes voix en associant un exposé de chercheur sur une recherche en cours et un exposé de professionnel, invité à prendre du recul sur sa pratique tout en présentant précisément les structures et dispositifs qui font son quotidien professionnel (séances 2, 9, 10 et 12). Anne Bouzy-Salzborn (actuellement directrice du centre scolaire de la Pitié-Salpétrière) est ainsi revenue sur son expérience à la tête du pôle Scolarité de la MDPH de Paris, Philippe Metello (pédopsychiatre) a présenté une structure qui prend en charge des enfants agités pendant ou après le temps scolaire, Christine Getin a souligné le rôle d’interface entre familles et école de l’association qu’elle préside (HyperSupers TDAH France), enfin Sandrine Bonneton (pédopsychiatre) a analysé les enjeux du dispositif qu’elle anime pour prévenir l’échec scolaire et la psychiatrisation de jeunes enfants en difficulté dans le cadre scolaire. Les débats à l’issue des présentations ont permis à la fois de clarifier un certain nombre d’incompréhensions, tenant au vocabulaire utilisé et aux postures méthodologiques, qui entravent la discussion entre chercheurs et professionnels. Ils ont aussi permis d’approfondir la réflexion sur le rôle des MDPH, le positionnement des centres de santé mentale dans le contexte français ou encore l’influence du milieu social sur les interactions entre familles et professionnels.

L’ensemble du programme peut être présenté en trois grands thèmes, qui se répondent les uns aux autres. Après une séance de présentation animée par les trois organisateurs du séminaire, plusieurs interventions se sont d’abord penchées sur la question de l’orientation des enfants en difficultés scolaires : Pierre-Yves Baudot a présenté le rôle des MDPH (séance 2), Philippe Mazereau est revenu sur l’histoire de l’éducation spécialisée (séance 3), enfin Sandrine Garcia et Anne-Claudine Oller ont mis au jour les rapports de pouvoir sous-jacents aux orientations des élèves handicapés (séance 5). Dans la continuité de ces réflexions, d’autres intervenants sont revenus sur les fondements et les pratiques de l’école inclusive : Suzy Bossard a ainsi analysé la position des auxiliaires de vie scolaire (AVS) (séance 4), Lorella Terzi a présenté l’évolution des débats et des lois sur les élèves à besoins éducatifs particuliers en Angleterre (séance 8) et Eric Plaisance a abordé le positionnement des enseignants face à ces nouveaux défis (séance 10). Enfin, la réflexion s’est poursuivie en explorant les liens entre la manière dont on qualifie (à partir de catégories médicales et/ou administratives) les enfants dont le comportement vis-à-vis de l’école est jugé problématique (agitation, violence / inhibition, retrait) et des enjeux familiaux, professionnels et plus largement sociaux. Du côté des enjeux familiaux et sociaux, Jean-Sébastien Eideliman et Maëlle Planche ont montré comment l’agitation chez de jeunes enfants peut conduire à des parcours administratifs, médicaux, familiaux et scolaires très différents en fonction des caractéristiques de la situation (séance 6) ; Florence Weber, Hervé Heinry et Pauline Blum ont souligné les enjeux de mobilité sociale familiale pour les jeunes atteints de troubles psychiques (séance 7) ; enfin Maïa Fansten a analysé la manière dont sont considérées de nouvelles formes de retrait social et scolaire, à partir de la catégorie japonaise de hikikomori (séance 11). Du côté des enjeux professionnels et institutionnels, Stanislas Morel a présenté les enjeux des nouvelles formes de partenariat entre Éducation nationale et dispositifs de santé mentale (séance 9) ; pour finir, Rachel Gasparini a montré comment les professeurs des écoles faisaient face, seuls ou en s’appuyant sur des ressources institutionnelles, à la violence de certains enfants en maternelle (séance 12).